Le non de Naïa

 

« Titouan Le Goff ?

— Lui-même.

— Gilbert Dumortier. Mon ami Quentin Barnabé, de Voiles et Voiliers a dû vous faire part de mon projet concernant votre compagne.

— En effet.

— J’aimerais la rencontrer pour en parler de vive voix.

— Laissez-moi votre numéro. Je vous rappellerai dans l’heure.

— Ok. C’est le 06… »

 

Vingt minutes plus tard, l’agent artistique avait Naïa la Sirène au bout du fil.

 

« … 

— Titouan m’a fait part de votre projet. Je suis désolée de vous décevoir, mais c’est impossible.

— Vous faites sans doute allusion à votre… différence. Elle vous interdit, sans doute, de jouer dans les opéras, mais pour les concerts, elle n’est nullement rédhibitoire et peut même devenir un atout.

— Il ne s’agit pas de ça.

— Peut-être redoutez-vous les contraintes de la vie d’artiste ? On peut vous aménager un emploi du temps très soft.

— Je vous remercie, mais le problème est sans solution. Il se trouve tout simplement qu’à terre, je chante comme une vieille casserole.

— Allons bon… Peut-être est-ce simplement dû à un blocage psychologique ? Quelques séances devraient pouvoir en venir à bout.

— Je ne pense pas. Le phénomène est d’un autre ordre. Je l’ai constaté depuis l’enfance. Il se produit même quand je suis seule sur la plage ou sur un rocher. Hors de l’eau salée, je perds ma voix. 

— C’est en effet très ennuyeux. Mais il doit y avoir une explication physiologique. Voulez-vous que je vous prenne rendez-vous avec un spécialiste ?

— Surtout pas. Je suis désolée mais je dois décliner votre proposition. Merci d’avoir pensé à moi. Bonne soirée.

 

— C’est vraiment dommage. Bonne soirée à vous aussi. »

 

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